Rom-anesque !

Posted on 10 octobre 2010

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Outragée ! Brisée ! Martyrisée ! Mais libérée !  L’équipe de France a triomphé de la Roumanie (2-0) au terme d’un joli match, riche en émotions et rebondissements. Il est des victoires imméritées, ric-rac ou trop larges pour signifier quoique ce soit. Il en est d’autres fondatrices, qui ont du sens. Celle remportée par les Bleus de Blanc hier soir en fait partie. La pelouse du Stade de France regorgeait d’enjeux : comptable, symbolique et même politique. En l’emportant, l’équipe de France y  a  répondu. Les sacro-saints trois points dans la musette, elle a retrouvé son public et refait du Stade de France son jardin favori. Surtout, en laminant ces bons vieux Roumains, elle a évité au président de la République un nouvel affront public.

Il y a un mois, pour leurs débuts dans ces éliminatoires de l’Euro 2012, les troupes du Président – le vrai – s’étaient inclinées face à la Biélorussie, dans tous les sens du terme. Apathiques, amorphes, pauvres dans le jeu, ils avaient réagi de fort belle manière en Bosnie. Comme après toute victoire à l’extérieur, il importait de confirmer à domicile, de confirmer ces promesses entrevues à Sarajevo. A la maison cette fois, au Stade de France, cette enceinte effrayante dans laquelle les Bleus n’avaient pas triomphé depuis belle lurette. Hier soir, près de 80 000 spectateurs – acquis à la cause – et 9 millions de « TF1 spectateurs » espéraient une victoire, probante, large et convaincante. Avec la manière en somme. Ils furent comblés quand à la 93ème minute, Dimitri Payet offrit à Yoann Gourcuff une passe en retrait synonyme de deuxième but. Et pourtant, avant de respirer la douce odeur du succès, la France a tremblé, et pas qu’un peu. Dominatrice tout le long du match, elle s’est heurtée à un véritable mur roumain. Les hommes de Razvan Lucescu avaient dans l’idée de défendre en bloc et d’opérer en contre. Cette tactique faillit s’avérer payante. Si la première mi-temps se résuma à une attaque défense durant laquelle les Roumains ne concédèrent qu’une seule occasion – une frappe de Benzema  » à la Thierry Henry »  qui mourut sur l’extérieur du montant droit de C. Pantelimon – le deuxième acte fut comme souvent bien plus enjoué. Davantage portés vers l’avant, les compatriotes du Monégasque Niculae se procurèrent d’emblée leur première occasion franche, mais ils laissèrent dans leur dos quelques espaces. Les quatre français de devant s’y engouffrèrent. Et les opportunités pointèrent. Une tête de Mexès à la 51ème, une frappe de Valbuena détournée sur la barre par le goal roumain, un duel mal négocié et perdu par Nasri quelques minutes plus tard. Oui oui, vendanger est un art. Trop naïfs ces Français ? Pas assez tueurs ? Un peu jeunes, en fait. Forcément, le spectre du hold-up biélorusse rejaillit. Bingo. A la suite d’une relance en bois de Clichy, l’ailier droit roumain centra en retrait pour Sapunaru mais la reprise de ce dernier trouva le poteau droit. Crispés comme jamais, les Français se mirent alors à reculer. Conquérants jusque-là, ils laissèrent un peu plus le ballon à l’adversaire. Et pourtant, c’est précisément à ce moment-là que la France fit la différence. Ironie du sort, c’est à la suite d’un contre que les Bleus ouvrirent le score. Alors qu’ils s’acharnaient depuis plus d’une heure à varier leurs transmissions pour s’approcher de la roulotte de Pantelimon – excellent gardien par ailleurs – c’est en deux passes qu’ils libérèrent la France. Alou Diarra, d’une ouverture somptueuse de 35 mètres – dont il n’est pas coutumier – lança Rémy en profondeur. Le néo-Marseillais, entré en jeu quelques minutes plus tôt ne se fit pas prier et scora sur sa première occaz. Propre. La fin de match fut complètement à l’avantage des Bleus qui vendangèrent encore un peu. Jusqu’à cette 93ème minute, celle que Payet choisit pour débouler de son flanc droit et redonner le sourire à Gourcuff. Tantôt brillants, tantôt hésitants,  appliqués mais parfois naïfs, les onze bleus titulaires ont parfois semblé à court d’idées face à la muraille jaune. Fort heureusement dans ces cas-là, les entrants, (Rémy Gourcuff et Payet) impliqués sur les deux buts, ont rempli leur rôle à merveille. La « philosophie de jeu » prônée par Lolo se met doucement en place même si  la prestation de ses poulains garde un goût d’inachevé. Du talent, de l’envie et un état d’esprit irréprochable, voilà ce qui caractérise cette équipe naissante. Manque ce zeste d’audace qui pourrait les mener loin. En attendant, la page Raymond Domenech se tourne lentement mais sûrement. Le peuple français aurait très mal vécu une défaite à domicile. Le président  de la  République ne l’aurait peut-être pas supporté. Le temps d’une soirée, l’équipe de France a réussi la prouesse de les contenter tous les deux. Un véritable exploit.

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